lundi 18 mars 2013

Concert un jour, concert toujours!

Certains éléments de ma vie m'ont fait revoir mes priorités, et surtout me secouer les puces ces derniers mois. Avec pour résultat, entre autres,de me donner la bougeotte au point de me taper plus de trois heures de route en une soirée pour aller voir Sigur Ros à Bâle, ou reprendre mon rythme de croisière dans ma salle de concert favorite. Et après les très bons tambours du Bronx, j'ai découvert les Bloody Beetroots. J'en avait d'abord entendu parler dans Rock&Folk, mais sans y prêter plus attention que ça, jusqu'à ce que Neko mette un lien sur FB de leur collaboration avec Steve Aoki. Bon alors petite parenthèse : ma vie musicale est aussi jalonnée de rencontres, de personnes qui m'apportent, et à qui j'apporte des trucs. On a donc Neko, biberonné à l'électro et qui m'a fait découvrir Deadmau5, les Crystal Castles, et, plus récemment, les Bloody. On a mon supertonton, qui m'a éveillée au rock en me filant mes premiers MP3, et m'a mis les White Stripes, A Perfect Circle, Foo Fighters, les premiers Linkin Park (qui étaient excellents!), Zero 7 et autres, et enfin, le K. Le K est le dernier élément apporté à mon patchwork musical, et lui s'est mis en tête de me faire découvrir le jazz (son domaine de prédilection), même s'il est aussi éclectique que moi, en beaucoup plus critique. Vous imaginez Jean Pierre Coffe mater un plat surgelé, l'oeil vide, et éructer son bien connu "Mais c'est de la merde!". Eh bien lui c'est pareil, la mèche en pétard, clope au bec, impassible pendant les dix premières secondes avant de lâcher la même phrase, laconique. Pourtant, fierté personnelle, je suis quand même arrivée à lui faire aimer les Sigur Ros (comme quoi oui, ça plait! Et même aux mormons musicaux!) ou les Bellrays. Passons. Alors ouais, revenons-en aux Bloody Beetroots. Présenté comme ça, ça vend pas du rêve je vous l'accorde. Les "Bettraves sanglantes", c'est un truc de végétarien sataniste? Que nenni, c'est de l'électro punk qui vient tout droit du pays de la pizza et des spaghetti bolo. Donc, j'avais écouté une chanson ou deux, je me suis dit "Pourquoi pas?", phrase qui est à nouveau devenu mon credo. Pendant longtemps, je suis allée à pas mal de concerts parce que le nom me disait quelque chose, que j'avais entendu deux ou trois chansons qui me plaisaient, et basta. C'était un peu le cas pour eux aussi, encouragée par Neko, qui avait projeté d'y aller, et le K, qui m'avait avoué sa fanitude (cousine de la bravitude). Une fois sur place, après une première partie affligeante d'un espèce de Ali G de contrebande qui se prenait pour Jay-Z croisé avec Skrillex parce qu'il avait trois samples et deux beats enregistrés dans le sous -sol de sa mamie Suzanne, je me suis pris une des claques de ma vie. Pardonnez l'expression, mais c'est à rapprocher d'un gang-bang musical. Un rouleau compresseur sonore qui m'a laissée sur les fesses, en nage, complètement épuisée et totalement extatique. Et encore, je m'en sors bien. Si le K n'avait pas été là pour jouer les Bodyguard, j'aurai pas survécu. Un son énorme, des rythmes qui te mettent en transe devant une foule en délire. Un des concerts les plus intenses de ma vie. Meilleur que le sexe, meilleur que la bouffe, meilleur que quoi que ce soit. Oui je sais, j'ai un rapport particulier à la musique, et aux concerts. Un bon concert est celui où les mecs donnent tout ce qu'ils ont au point de te faire tout oublier. Pendant longtemps, les concerts étaient les seuls moments où je me suis sentie vraiment vivante. Debout au premier rang, avec les basses qui remplacent les battements de ton propre coeur et qui te font vibrer tout entière, quand tes tympans saignent et crient grâce, les pieds sur le béton rendu collant par la bière et les yeux dans les étoiles. Quand pendant deux heures, tu te prends des gifles continuelles et que t'en redemandes encore, quand tu oublies tout, qui tu es, tes emmerdes, tes soucis. Quand tu n'es que musique, quand tu vis le son, et rien d'autre. J'ai vécu ça avec eux, et ce genre de rencontre n'est pas chose courante. Alors si vous aimez vous déchirer les tympans sur de l'excellente électro, foncez!

Un concert qui peut changer une vie

Je suis quelqu'un qui a traîné ses basques à une foule de concerts. Mais vraiment, pas loin d'une centaine depuis que je suis ado, et tous payés en plus (Je ne préfère même pas m'amuser à compter tout l'argent que j'ai dépensé...je crois qu'on s'approcherait du PIB d'un petit pays d'Afrique). Certains faisaient des jobs d'été pour se payer des vacances, moi c'était de quoi me payer des fringues, et surtout mes concerts. J'ai écumé la salle près de chez moi avec assiduité toutes mes années de fac, au point de m'y être déjà retrouvée deux soirs de suite... Et j'ai vu de tout. Les groupes qui payaient pas de mine et qui se sont au final révélés une claque absolue (Stuck In the Sound, Eagles of Death Metal, Queen Adreena et autres) et l'inverse, les têtes d'affiche décevantes (Placebo, The Klaxons, Razorlight...). Dans tout ça, je différencie plusieurs types de concerts : ceux qui te mettent une claque et te font passer un bon moment, par l'énergie, la musique qui te fait bouger, l'ambiance électrique. Et les concerts où la musique te transperce le coeur et te change, un peu, la vie. Un des premiers dans cette catégorie a été Sara Bettens, dont la voix totalement magnifique m'a fait pleurer. Et, il y a quelques semaines,Sigur Ros. Alors oui, j'en vois venir pas mal. C'est qui ce groupe? C'est quoi ce nom? Et ceux qui connaissent : Ah ouais, le truc dépressif là? Eh bien, chers lecteurs, je dois dire que c'était la grosse claque. Pas point de vue contact avec le public, mais parce qu'ils ont fait de leur concert un véritable spectacle. Des ampoules disséminées un peu partout sur la scène à différentes hauteurs, un écran derrière eux, et on se retrouve dans une forêt aux couleurs rougeoyantes peuplée de feux follets, on baigne dans l'eau d'un bleu glacier ou on traverse les couches minérales qui constituent l'île. Le tout avec un son absolument magnifique, et la voix de Jonsi, magnifiée par le live, qui se déploie dans l'espace, ricoche contre les murs et vient te frapper droit au coeur. C'était beau, c'était magique, un moment d'infini que seule la musique arrive à créer, et moi là-dedans, en totale extase. Alors non Sigur Ros c'est pas chiant, c'est pas dépressif, et c'est juste un des plus beaux concerts de ma vie!